Mon père, Maximin Rambaud, avec un d et non pas Rambault, est né aux Essarts, de Léontine Séllier et de Jean Rambaud, un paysan devenu coiffeur. C’était un violoneux lui aussi... Mes grands-parents auront onze enfants : belle famille ! Mon père qui fut coiffeur comme son père qui lui apprendra le métier et le violon dès ses neuf ans, s’entraînera tout en gardant les vaches de son grand-père.
Commençant par accompagner son père dans les noces, mon père prend de l’aisance avec les expériences acquises chaque fin de semaine. Adolescent, il commence à être demandé. Vint aussi l’idée de constituer un trio avec mon grand-père Jean qui s’était mis à l'accordéon diatonique, le jeune frère Armand, mon oncle, aux percussions (bois, cymbale, triangle, caisse claire) et mon père au violon donnant le rythme avec une grosse caisse à pédale. Ainsi, le « trio » donnera quelques bals dans les environs.
Si la recette de musicien met du « beurre » dans les épinards, mon père a aussi été coiffeur toute sa vie, comme moi d’ailleurs ! Mon père s’est marié en 1934. avec Angeline, une jeune coiffeuse native de Bournezeau. Le jeune couple s’y installe et Maximin poursuit son activité de musicien de noce, et leur petite entreprise profite de leurs savoir-faire : son épouse coiffe les mariés et les invités, mon père aussi. C’est ainsi qu’ils sont invités à beaucoup de noces avec, par-devers lui, ses deux violons, le classique et le pavillon. Quadrilles et autres danses en vogue entraînent ainsi des centaines de noceurs.
En 1958, le couple voit plus grand pour le salon de coiffure et c’est à Pouzauges, place de l’Église, qu’ils s’installeront. Ils y prendront leur retraite. Mon père y est décédé le 28 mai 1991.
L’art musical de mon père a bien failli s’éteindre avec cette installation dans le Haut Bocage : il ne jouait plus qu’à l’occasion, pour le plaisir ! Mais, dans les années 1970, il est sollicité par une jeune association Animation Rurale et Culture Populaire en Bocage qui est membre de l’UPCP. Il est invité à jouer par ces derniers dans les réunions, les bals traditionnels. Pour l’occasion, il va reprendre son répertoire dont le quadrille en 6 figures des Essarts. Ils iront jusqu’à éditer un album disque 33 t. Chez Maximin dans les années 1980. C’est ainsi, en 1983, qu’il sera invité au Smithsonian Folklife Festival, à Washington, aux États-Unis. En 1978, une chaîne de télévision québécoise viendra le filmer menant son quadrille avec les danseurs des Essarts.
Mon père s’est passionné pour ce renouveau allant jusqu’à s’enregistrer, mieux encore retrouver le répertoire de son père Jean et en faire des cassettes.
Je le retrouve bien dans ce qu’ont écrit sur lui, à l’époque, les gens de l’association des Deux-Sèvres : « Le mégot au coin des lèvres, le violon coincé par un menton nerveux, l’archet menant un rythme infernal… Qui peut l’ imaginer autrement ? Tant il est vrai que Maximin, fils de violoneux, s’est totalement identifié dans notre esprit à l’image du musicien de noces, bien qu’il ait été barbier et coiffeur… »
Souvenir de Jean-Claude Rambaud, né le 7 janvier 1939 à Bournezeau,
fils de Maximin Rambaud