Mon grand-père Gabriel Ouvrard, musicien-agriculteur, par François Baubineau

Mon grand-père Gabriel Ouvrard, musicien-agriculteur, par François Baubineau
Mon grand-père, Gabriel Ouvrard est né le 4 octobre 1905 dans une famille d’employés de maison au Domaine de la Largère, à Thouarsais Bouildroux.
 
À 14 ans, l’envie lui est donnée de jouer de la clarinette en voyant Joachim Poitevineau, de Saint-Hilaire-de-Vouhis, lors d’une noce. C’est alors qu'il décide d’étudier le solfège et la clarinette auprès d’un professeur de musique de Chantonnay. À 17 ans, en 1922, il fait son premier bal, il était payé 1 sou par danse, cela lui rapporte 53 Francs alors qu’en étant ouvrier agricole il gagnait 12 francs par jour. Il se marie en 1931 et rejoint la ferme familiale de sa femme au village de Pareds à la Jaudonnière.
 
Il sillonne le bocage vendéen à vélo avec sa clarinette, son violon et son jazz (caisse à pédale et cymbale) et mène à la mairie puis à l’église pas moins de 1 500 couples jusqu’en 1963. Conteur d’histoires, humoriste et toujours joyeux, il a su faire rire des familles entières lors des mariages qui, à cette époque, duraient parfois jusqu’à 4 jours. Pour l’exemple, l’un de ses calambours favoris : « Le matin la mariée est en clair le soir elle est en foncé ».
 
Il enchaînait aussi avec les bals du dimanche. Il jouait seul ou avec ses amis, Georges Vivien, de Rochetrejoux, André Merlet, de Mouchamps, Marius Pelletier, de Saint-Martin-Lars en Sainte-Hermine… De cette vie d’artiste, Gabriel aimait à plaisanter avec « En rentrant des noces tôt le matin, ma femme et moi on faisait comme le soleil et la lune quand elle se levait je me couchais ».
 
Lors de l’hiver 1962/1963, il transmet la musique et les pas des danses traditionnelles : Avant deux, Quadrille… à la nouvelle troupe des Joyeux Vendéens du Boupère que viennent de fonder Madeleine et Gaby Chataigner. René Sourisseau figure parmi ces pionniers.
 
Par la suite en 1964, il enregistre avec Maurice Delavau, accordéoniste de Bournezeau, et les Joyeux Vendéens du Boupère sous la production de la maison de disque Barclay, 2 disques 33 tours et un 45 tours. Toujours dans le but de transmettre ce patrimoine culturel aux générations futures.
 
Durant les années 1975-80, il participe activement aux Noces Vendéennes de Bazoges-en-Pareds, reconstitution de noces à l’ancienne au Château de Pulteau durant un dimanche d’août.
 
La musique était sa vie. Il pouvait en parler pendant des heures. Il répétait inlassablement pour pouvoir faire vibrer sa clarinette.
 
Le 4 avril 1985, la clarinette est restée dans sa boîte. Elle ne vibrera plus. Mais on pouvait entendre jusqu’en 1995, cette clarinette sur les ondes de ce qui était encore la Radio du Pays Alouette FM, lors du générique de la célèbre émission la Fin de la Rabinaïe, le samedi matin.
 
Grâce au collectage des passionnés : Catherine Perrier, Dominique Gauvrit, Jany Rouger, Jean-Louis Bobot, John Wright, et bien sur Gaby Châtaigner, on peut écouter sa voix et le son de cette clarinette 13 clef en Ut sur le site RADdO par exemple.
 
Souvenirs rassemblés par François Baubineau en novembre 2012
Catégories : Musiciens de tradition ;