Les musiciens populaires (2e partie)

Les musiciens populaires (2e partie)
La musique savante

Il faut remonter à Platon qui applique à la musique la notion de l’harmonie. Il reprit la notion philosophique des pythagoriciens du principe de la « fusion des extrêmes pour en proposer une résultante musicale maîtrisée et équilibrée : l’accord consonant… ». Ces réflexions remontent au IVe siècle avant J.-C.. Pour Platon, « l’harmonie devait présider partout et s’imposer au microcosme humain, mais aussi au macrocosme… ». Aristote reprend dans Politique quelques idées de pythagoriciens, notamment celle qui stipule que « l’âme est une harmonie et qu’elle renferme une harmonie ». « Cette théorie va connaître une longévité extraordinaire, au moins jusqu’aux premiers temps de l’église chrétienne, mais au-delà en réalité », selon Luc Charles-Dominique. Chez les Grecs, notons que la lyre, par exemple, reprend les principes de l’harmonie pour l’accordage de ses cordes.
 
Dès lors, cette philosophie soutenue par de nombreuses symboliques mystiques, guidera les compositeurs. Cette complexité écarte bien entendu toute autre vue de la musique, même celle taxée de spontanéité qui, dans tous les cas, pour son organisation, est la conséquence des principes de la musique des savants.
 
D’ailleurs, précisons déjà, que les grands compositeurs figurent au rang des fournisseurs d’airs ou de timbres repris par la musique populaire. Nous reviendrons sur ce sujet.
 
La présence de la musique harmonique est attestée dès le Haut Moyen Âge en France auprès de l’église. Mais à cette époque-là deux écoles s’opposent : le silence, chanter avec le cœur, non avec la voix… et la religiosité de l’harmonie, donc le recours à des instruments les plus propices à l’exprimer. Cette philosophie s’appuie sur la catégorisation ancienne des instruments, comme de la voix, comme de certaines attitudes…, pour en rester à notre sujet, elle se partagera en deux principes : la musique du « bas » et celle du « haut ».
 
 
La spatialisation médiévale du volume sonore « haut » et « bas »

Le lecteur peut, à première vue, s’interroger sur ce titre mais il nous a semblé important d’aborder cette notion qui, depuis le XIIIe siècle, marque l’histoire de la pratique musicale, et nous le verrons au chapitre consacré aux instruments, conditionnera l’instrumentarium de la musique populaire.
 
Pour rester dans les limites que nous nous sommes fixées, résumons en reprenant les descriptions des spécialistes qui précisent que la notion de bas entoure et conditionne toute expression qui est animée par le spirituel, le recueillement, l’abnégation de soi… alors que le haut représente la débauche, le vice, l’orgiaque, etc. Cette catégorisation a un impact sur les pratiques musicales (les registres, les rythmes, l’univers sonores…) et, bien entendu, détermine les attributions des musiciens, mais aussi, comme nous le verrons, la répartition des instruments. Nos musiciens populaires, on s’en doute, sont les successeurs des ménestriers pratiquant les musiques du haut, utilisant, bien entendu, des instruments du haut.
 
A suivre… 
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