Les musiciens populaires (1e partie)

Les musiciens populaires (1e partie)
Très brièvement, la préhistoire de la musique
 
Au fil des articles de cette plateforme musicale, nous traiterons de l’histoire de ce qui nous amène à la musique traditionnelle. L’objectif, n’a pas pour objet de refaire l’histoire de la musique, aussi ne résumerons-nous que très brièvement les grandes étapes qui marquent l’histoire des musiciens, plus précisément celle touchant directement aux traditions populaires. A ce titre, pour celles et ceux qui voudraient approfondir leurs connaissances, il existe quelques ouvrages retraçant avec précision l’évolution des pratiques, comme celle des instruments. L’important ouvrage Musique Bretonne, réalisé et édité par Le Chasse-Marée/ Ar Men, en 1996, et Les ménétriers français sous l’ancien régime, de Luc Charles-Dominique, publié en 1994, chez Klincksieck, fourmillent d’informations sur le sujet.
 
Pour ceux qui n’auraient pas le loisir d’acquérir ces ouvrages, résumons simplement en avançant que de nos jours, trop peu d’informations sont regroupées par les spécialistes pour dresser un quelconque instrumentarium, encore moins sur une éventuelle production musicale communautaire en Gaule. Comme partout, nos ancêtres ont créé des instruments, c’est évident, mais en possédaient-ils qui leur étaient spécifiques, on ne peut l’affirmer à ce jour. Ce qui semble être acquis pour les préhistoriens, c’est que la création des instruments serait directement conditionnée par le besoin d’imitation des bruits de la nature. De là à penser que nos ancêtres se regroupaient pour reproduire le concert qu’offrait leur environnement naturel, serait sans fondement.
 
Il semblerait que le jeu musical en groupe, chez nos ancêtres Gaulois, était inexistant, alors que cela est attesté chez les Romains, et, plus avant, au sein des grandes civilisations du bassin méditerranéen. Les armées romaines avançaient au rythme cadencé de musiciens, comme d’autres formules étaient établies pour les jeux du stade.
 
Dans la société celtique l’instrument associé à la guerre était le carnyx, grand instrument à vent dont le pavillon était souvent décoré de tête d’animal. Chez les Gaulois, le barde a un rôle comparable aux griots traditionnels africains actuels : il est là pour dire les hauts faits de ceux qui gouvernent, et il a également un rôle religieux. Poète et musicien professionnel, il déclame parfois ces poèmes en jouant de la harpe, un instrument qui lui est associé, et qui a une grande valeur symbolique dans la société celtique. Si la tradition de harpe a longtemps perduré en Écosse, au Pays de Galles et plus encore en Irlande, où on en jouait encore de tradition au début du XIXe siècle, il n’en va pas de même en France, où l’on dispose de bien peu de témoignages sur la pratique de cet instrument.
 
Dans la France médiévale, vers l’an Mille, on trouve des troubadours - mot issu soit de trobar (inventer, créer) ou de tropar (celui qui fait des « tropes », des vers), et des jongleurs (de joculator : le joueur, l’amuseur), tous deux sont des musiciens, mais il semble, pour résumer, que le troubadour crée des poésies que le jongleur colporte. Ces « artistes » sont de tous les divertissements princiers, mais aussi de toutes les fêtes populaires publiques. Ils n’ont pas de public attitré, ni de frontières tant géographiques que sociales.
 
Ainsi, ils se détachent des principes établis par l’Église. Cette dernière entretient des compositeurs et des musiciens pour ses cérémonies, cherchant tous les moyens pour asseoir son autorité sur le spirituel.
 
A suivre...
 
Michel Colleu et Jean-Pierre Bertrand
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