Les musiciens académistes

Les musiciens académistes
Pour le grand Ouest, l’une des premières des quatre académies de musique savante qui s’installent sur le royaume est celle de Nantes, en 1727. Elle dispose d’une salle de répétition et d’une société de concerts. Les musiciens proviennent de la bourgeoisie locale. La structure de base est alors un maître de musique, un organiste et un maître à danser. L’un pouvant assumer plusieurs de ces fonctions.
 
La lutte qui mènera à la chute des confréries de ménétriers sera sans concession. Dès 1661 est créée l’Académie Royale de danse. En 1672, l’Académie Royale de musique est confiée à Lully. « Elles regroupent sur le seul critère du savoir, une élite intellectuelle et justifient leur existence par une recherche de la perfection artistique… notion tout à fait étrangère aux ménétriers préoccupés avant tout par la charge de leur activité », selon la conclusion relevée dans l’ouvrage Musique Bretonne.
 
Lassé des attaques permanentes, le roi des ménétriers, Jean-Pierre Guignon, démissionne en 1773. Trois ans plus tard, Turgot abolit tout système corporatiste. Toute représentation de musiciens sur la place publique est supprimée à la veille de la Révolution française.
 
Cette extinction du mouvement ménétrier est la conséquence d’une série de combats juridiques qui s’engagent à partir de 1662 entre les corporatistes et les académistes afin d’obtenir le monopole des activités musicales.
 
Bien entendu, la musique populaire sera directement associée à ces attaques. Quasiment aucun musicien académiste ne participera en tant qu’interprète à de quelconques manifestations populaires. Quelques-uns, au XXe siècle, participeront à l’activité de groupes folkloriques.
 
Au sortir de la Révolution française, les activités musicales se repositionnent. Les ménétriers, en tout cas ce qu’il en reste, vont être livrés à eux-mêmes et devront rechercher de nouveaux moyens de subsistance. Si quelques-uns poursuivent leur activité en proposant leurs services aux familles intéressées pour l’animation des fêtes familiales, d’autres s’engagent au sein des mouvements musicaux naissants : les orphéons, d’autres abandonneront le métier.

 Jean-Pierre Bertrand 

Pour en savoir plus :
Charles-Dominique (Luc), Les ménétriers français sous l’Ancien régime, [s.l.], Klincksiek, 1994.
Charles-Dominique (Luc), Musiques savantes, musiques populaires. Les symboliques du sonore en France 1200-1750, Paris, CNRS Editions, 2006.
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