L’Aigail, pour les amateurs de folklore vendéen, marquera un changement important dans le paysage culturel vendéen. La conduite de leurs activités va être observée et, pour quelques groupes, devenir un bel exemple.
L’Aigail est née à Aubigny, petite commune rurale à l’époque de cette fondation. À l’origine, il y a l’Amicale laïque qui mène des activités périscolaires dont la danse folklorique, la photo, le théâtre, etc. La danse, selon la méthodologie organisée par la FOL, est enseignée par René Auger, l’un des instituteurs. Au départ à la retraite de celui-ci, en 1965, l’un des jeunes parents d’élèves, Guy Mallard, gendre du minotier local Craipeau, est sollicité pour reprendre cet enseignement. En 1966, l’activité danse reprend sous la direction de ce passionné de théâtre, qui est aussi excellent danseur « j’avais le rythme en moi… ».
La naissance de l’Aigail correspond à une émission de radio qui diffuse une interview d’un certain Michel Valière, alors l’un des cofondateurs de l’UPCP. Nous sommes en 1969. Le soir même, Guy Mallard, téléphone à l’homme du reportage, qui le renvoie vers André Pacher, et les trois hommes se retrouvent très vite à Aubigny. Guy mobilise les élèves devenus adolescents, ses filles, sa femme, les amis de l’amicale, les candidats… L’Aigail devient alors une activité à part entière de l’Amicale laïque.
Dès 1970, un stage de collectage est organisé en collaboration avec les services départementaux Jeunesse et Sport. Étienne Gallien, animateur de ce service, contribuera à la rigueur de cette opération. Une invitation, la même année à la Fête de la châtaigne, à Nantes, en compagnie de groupes étrangers, amènera Guy à travailler une mise en scène hors des habitudes des groupes et ballets folkloriques.
Si l’Aigail groupe débute avec l’accordéoniste Robert Prouteau, qui sera le soliste des deux premiers 45 t., les rejoindra le couple Hérault, tonton (Alfred) et tantine, son épouse, excellents poly-instrumentistes résidant, à l’époque, à Monsireigne. D’autres danseurs et musiciens les rejoindront dont des adolescents prometteurs comme Yannik Jaulin et Gérard Potier.
La notoriété artistique sera reconnue avec le collier d’Argent décerné lors du festival Les Fêtes de la Vigne, à Dijon, en 1973.
L’Aigail, c’est aussi l’une des premières fêtes des battages en Vendée en 1973, la fête artisanale en 1975, l’animation de la ferme des Riboullières en 1978 et 1979, l’ouverture du Centre ressources en 1977, puis la tournée au Québec, en 1981, avec, notamment, le festival de Drummonville, alors jumelée avec la ville de La Roche-sur-Yon.
Déjà, Guy Mallard, l’instigateur, l’artiste, l’inventeur… a d’autres idées dans la tête. Ce sera le festival des records, le jumelage d’Aubigny avec Schwanfeld, ville allemande en 1989, les expositions d’art…
Bien que des jeunes aient repris la conduite du groupe, le manque de musiciens, auxquels il avait été refusé une indemnité, entraîna la disparition du groupe en 1982.
Le Centre ressources lui survivra grâce à l’Amicale laïque mais un destructeur incendie anéantira l’œuvre, surtout photographique, des enquêteurs. Les sources sonores, 57 documents, avaient été déposées à la Bibliothèque nationale de France. Aujourd’hui, le Cerdo a engagé leur traitement.
Texte à partir de l’interview de Guy Mallard du 21 novembre 2013,
Jean-Pierre Bertrand et Philippe Boisseleau, EthnoDoc