L'existence de cet instrument fut révélée par Michel Kerboeuf et Jean-Loïc Le Quellec dans l’album Vielles en Vendée, suite à leurs enquêtes, publiées en 1985 par Geste paysanne, UPCP, à Vouillé. La présence d’une vingtaine de vielleux en Vendée est attestée dans ce précieux document. Les auteurs ont même réussi à enregistrer, sans doute le dernier vielleux de tradition, Gustave Mandin, de la Mothe-Achard, qui s’est expatrié en Charente en 1942. Dans cet album, les musiciens d’Ellébore d’alors : Jean-Loïc Le Quellec, Thierry Robin, Denis Le Vraux et Michel Kerboeuf complètent les interprétations du maître.
Jean Bernereau, fils d’Alphonse, nous a confié lors d’une interview en 2010, ses souvenirs relatifs à cet instrument précieusement conservé par Jean-Pierre, son fils. L’un de ses amis, André Seguin, passionné d’histoire locale, a bien voulu compléter nos sources dans l'article consultable
ici.
La caisse de la vielle Bernereau est en forme de luth à 9 côtes alternées, 5 en érable et 4 en palissandre. La table en sapin est percée de 2 ouïes en « C », bordée de parallélogrammes alternés ébène et ivoire. Elle possède un clavier de 23 touches (13 en ébène et 10 en ivoire). Le boîtier en érable est verni. Le cheviller d’érable à tête de vieillard porte 6 chevilles en palissandre. Le chevalet de trompette est en buis sur une plaque d’ivoire. Elle porte la marque au fer : « COLSON / MIRECOURT ». Ses dimensions ; Long 66 cm ; Larg 27,5 cm.
Michel Colleu, vielleux lui-même et qui a assuré des recherches sur ce type d’instrument en Bretagne précise : « Si l’on connaît l’importance de Mirecourt pour la lutherie de violon, on sait moins que durant tout le XIXe siècle y ont exercé deux familles de facteurs de vielle : les Colson père et fils et les Thouvenel père et fils. Leurs vielles, de petite taille et de bonne qualité, au son très chaleureux (particulièrement celles des Colson) étaient vendues par des colporteurs. En Bretagne, par exemple, elles sont utilisées au moins depuis 1840 dans le Trégor ou les alentours de Dinan et Lamballe ». Il est probable que la vielle d’Alphonse Bernereau ait été fabriquée par Nicolas Colson (1785-1871, mais ces dates varient selon les auteurs). Toutes les vielles (plates ou rondes) de ce luthier possèdent de remarquables têtes sculptées, reprenant des personnages historiques connus.
Jean-Pierre Bertrand & Michel Colleu
avec le concours d’André Seguin