Dans le Nord-Ouest vendéen, si entre les deux guerres des groupes ont été formés pour certaines occasions : fêtes locales, kermesses, animations touristiques… notamment pour le tournage du film La terre qui meurt, en 1929, aucun n’a été formalisé jusqu’à la fondation du groupe Les Danseurs et Chanteurs du marais vendéen. L’initiative en revient aux jumeaux Jan et Joël Martel, nés le 5 mars 1896 à Nantes et morts respectivement le 16 mars et le 25 septembre 1966. La formation constituée de leurs amis intéressés par le mouvement folkloriste et de leurs fermiers des communes de Sallertaine et de La Garnache a assuré ses premières représentations dans les années1925.
Surtout connus comme sculpteurs et décorateurs français, les frères Jan et Joël Martel, sans oublier l’épouse de Joël, Mado, se sont particulièrement investis pour valoriser la chanson, la musique et la danse maraîchine. En plus des représentations données à Paris, Nice, Londres, Nuremberg…, la famille Martel est proche des personnalités parisiennes marquantes pour la naissance de l’ethnomusicologie en France dont Georges-Henri Rivière (1897-1985), fondateur du Musée national des Arts et Traditions populaire devenu MuCEM – il sera le fondateur du concept écomusée – et, Roger Dévigne, premier directeur de la Phonothèque nationale de 1938 à 1953.
Pour Roger Dévigne, ils deviennent les détecteurs de porteurs de la culture traditionnelle musicale et littéraire locale pour la mission phonographique en Vendée qui marque la fin des enquêtes de terrain du Musée de la parole et de la Phonothèque nationale. Dirigée par Roger Dévigne, cette dernière « mission folklorique » ramène de Vendée plus de quatre-vingt chansons, airs, locutions… gravés sur disques « souples » Pyral entre le 3 et le 12 septembre 1946. Cette mission s’inscrit dans le prolongement du Congrès du folklore de Challans présidé par Georges-Henri Rivière, déjà cité. La plupart des enregistrements ont été faits en Vendée. Car, si Roger Dévigne fut l’instigateur de la mission, les véritables maîtres d’œuvre en furent Jan et Joël Martel.
Le 20 juin 1942, une première série de sept enregistrements est engagée à Paris, dans les locaux de la Phonothèque nationale. Puis du 3 au 12 septembre 1946, la mission de Roger Dévigne, se déplace en Vendée. Une classe de l’école publique de Challans servit de studio, puis l’enquêteur se déplaça à Bois-de-Céné et à Saint-Jean-de-Monts. Une dernière série fut enregistrée à nouveau à la Phonothèque nationale le 29 mai 1947.
Le groupe Les Danseurs et Chanteurs du marais vendéen laissent deux éditions discographiques, l’une chez Polydor (réf. 524509) en 1939 ou 1940, l’autre chez Pathé (EA2318) en 1969, dates du dépôt légal. Nous les présenterons dans ces pages. Avec le décès des jumeaux en 1966 à six mois d'intervalle, la formation s’est éteinte. Reconnaissons-leur la paternité des groupes folkloriques du Nord-Ouest vendéen.
Jean-Pierre Bertrand