Henri David, polyvalent de La Chaize
Mon père, Henri Marie Joseph David, est né à Bournezeau le 6 février 1891. Il a passé son enfance dans ce petit coin de Vendée. Il a appris le métier de tailleur avec son père qui exerçait cette profession ; ses deux frères Rémi et Victor seront également tailleurs.
Puis il est allé à Paris pour obtenir son diplôme de « Tailleur d’habits ».
C’est donc à Paris qu’il a commencé à aimer la musique. Le soir, il fréquentait l’opéra, les cafés concerts, et avait retenu les grands airs chantés par les stars du moment. Bref, c’était un homme qui aimait bien la vie !
Il a fait la guerre de 14-18, puis s’est marié et est venu s’installer à La Chaize-le-Vicomte, place de l’église où il tenait boutique et atelier. Je crois que c’est à partir de ce moment-là qu’il a fait partie de la Société de musique. Avec d’autres copains, il prenait des leçons chez le pharmacien M. Cieutat, chef de musique. Ils étaient une trentaine avec toutes sortes d’instruments, dont un tambour. Ils ont eu un gros succès et allaient à toutes les fêtes, aussi bien « libres » que laïques : kermesses, fêtes de quartiers, fêtes foraines, préveils, etc.
Mon père jouait du bugle, du saxophone, du piston et, bien sûr, du clairon.
Je me souviens, dans ma jeunesse, des étés très chauds. Souvent il y avait le feu, causé par le passage de la locomotive à vapeur. C’était toujours vers 15 ou 16 H de l’après-midi. On venait prévenir mon père qui sautait sur son vélo avec son clairon et jouait « sol do do do sol do do do sol do sol do sol do do do do » pour alerter les pompiers et tout le pays.
Je me rappelle aussi mon père chantant Minuit chrétiens à la messe de Noël. Cela n’a duré que quelques années, le chant ayant été ensuite interdit dans l’église.
Il jouait aussi pour certains mariages, pour ses clients à qui il avait fait le costume, conduisant les mariés à la mairie, à l’église, et faisant danser les gens de la noce jusqu’au petit matin. La motocyclette avait souvent de la peine à regagner l’atelier !
Il y avait également un gars de chez nous, marchand de chaussures, qui chantait à Paris, et mon père jouait la musique de ses chansons. C’était René Leboeuf qui se fait appeler Renel’s. Il venait à la maison et répétait ses partitions au son du vibrato du piston paternel.
Je ne sais plus quoi raconter. Il y a eu tellement d’anecdotes et j’ai oublié pas mal de choses.
Voilà en quelques mots succincts un peu de la vie de mon père. Ce n’était pas triste du tout !
Tiens ! Il m’en revient une : Le jour du 1er de l’an, il se levait dès 5 heures du matin. Par n’importe quel temps : gel, neige, pluie, vent… d’ailleurs, rien ne l’arrêtait. Il partait sur son vélo (bien sûr) avec son instrument (bien sûr) et souhaitait la bonne année aux quatre coins du pays. C’était la Gui l’an neu. Une petite goutte d’eau de vie dans chaque maison et, vers 14 heures, revenait chez lui : pompette et pompé !
C’était quand même un sacré bonhomme « PAPA ».
(Souvenirs personnels de Madame Marguerite Gaudin, née David, en 1920, à La Chaize-le-Vicomte)