André Marmin, un musicien à la charnière

André Marmin, un musicien à la charnière
André Marmin posant pour une journaliste du magazine L'Accordéon & Accordéonistes, en 1995. Coll. A. Marmin,  Coll. OPCI-EthnoDoc-Arexcpo.



André Marmin ne représente pas les sonneurs des noces qui ont contribué à constituer le répertoire traditionnel actuel et il ne peut pas être classé parmi les rénovateurs du mouvement trad’ : il a été à la charnière.

André Marmin est né le 26 octobre 1930 à Sainte-Cécile, d’une famille de meunier, comme les quatre générations qui l’ont précédé sur les bords du Lay. Enfant, il est fasciné par les talents d’un accordéoniste, l’un des ouvriers de son père. Pour ses parents, ce sera le prétexte de lui offrir un Hohner à un rang et dix notes. Il a huit ans. Il apprend d’oreille comme tant d’autres. C’est l’écoute de ce commis de moulin, mais aussi de sonneurs à l’occasion de veillées, de rencontres, d’assemblées…, et de la variété que diffuse la TSF qui nourrit son répertoire. A l’adolescence, ce sont les premières fêtes populaires. Puis vint la proposition du curé de Sainte-Cécile, qui patronne la société de musique locale (c’eût été inconcevable qu’il n’y eu pas de pratique musicale à Sainte-Cécile, placée sous le vocable la patronne des musiciens ?). A dix-neuf ans, il y apprend le solfège et la trompette. Cette compétence lui vaut d’être promu « trompette de cavalerie » dans son régiment.

Au retour du service militaire correspond la période des fréquentations dans le but de fonder une famille et de trouver un emploi stable : de s’établir disait-on. André Marmin n’échappe pas ces règles ancestrales : ce seront ses noces avec Marie-Thérèse et l’exploitation du moulin à eau de la Pintrollière, installé à cheval sur Beaurepaire et Les Herbiers. La pratique musicale sera abandonnée même si le moindre son d’un accordéon lui fait regretter le manque de temps pour reprendre son instrument. 

L’heure de la retraite sonnant en 1993, son épouse étant engagée dans la chorale, il la rejoint. Ce retour musical relance l’envie de faire jouer ses doigts sur ce qu’il appelle, le biniou.  Dans les jours qui suivent, c’est l’achat d’un accordéon et une révision du solfège rangé depuis 44 ans. Mais, la reprise en main de son « biniou » fut guidée par l’instinct, l’oreille… la passion.

Le grand retour se conjugue avec plusieurs engagements :
André Marmin et à sa droite, Bernard Pineau, à la Fête de la Maison de la Vie Rurale, à La Flocelière, en 2004. Tous deux des Herbiers jouaient habituellement avec Les amis du vieux donjon à Ardelay. Ci. J-P. Bertrand, Coll. OPCI-EthnoDoc-Arexcpo.
Les Amis de l'accordéon du Haut-Bocage, à Chavagnes-en-Paillers, le 2 avril 2005. Coll. F. Gautron.

André Marmin était un homme de caractère, méfiant, assez solitaire..., disent ses amis. Dans un premier temps, il nous a refusé de l’enregistrer, malheureusement ! Les seules archives (sur RADdO) que nous avons de lui ont été produites lors de la Fête de l’accordéon, à la Maison de la Vie rurale à la Flocellière, le 15 juillet 2005. Il avait malgré tout signé le document d’enregistrement de son passage en public mais, à condition de leur non diffusion du temps de son vivant. Il nous a quitté le 4 mars 2021 non sans avoir produit 3 CD pour ses proches.

Jean-Pierre Bertrand

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